Beaucoup ont essayé de se frotter au géant Google et de proposer des solutions alternatives à leur emblématique moteur de recherche. Personne n’y est parvenu jusqu’à présent. Même si Bing gagne du terrain chaque année, Google conserve encore 82 % des parts du marché mondial en 2024 (Statista). On peut peut-être imputer ces échecs au fait de vouloir copier l’algorithme de classement PageRank de Google pour être Vizir à la place du Vizir.
Cette fois, le nouveau challenger qui se profile (en état de prototype pour le moment) compte faire autrement, grâce à l’intelligence artificielle (IA). Je pense que SearchGPT d’OpenAI a de quoi faire trembler le colosse.
Fonctionnement de SearchGPT
SearchGPT utilise la technologie GPT (Generative Pre-trained Transformer) pour analyser et comprendre les requêtes en langage naturel. Il ne s’agit donc plus de placer les meilleurs mots clés, mais de poser le plus clairement possible notre question. Cette recherche conversationnelle (que j’appellerais « affinement itératif de la recherche ») est beaucoup plus naturelle et permet d’affiner nos recherches pour obtenir les réponses les plus adaptées.
Contrairement aux moteurs de recherche traditionnels, comme Google, SearchGPT ne se contente donc pas de fournir une liste de liens, mais de générer des réponses contextualisées, comprenant des explications, des conseils et des analyses.

Une interface sobre
Bien que Google propose une interface très épurée de prime abord, sa page de résultats de recherche (appelé SERP pour Search Engine Results Page, dans le jargon SEO) est très rapidement encombrée :
- liste de résultats organiques qui répondent potentiellement à la requête ;
- annonces payantes (Google Ads) qui se multiplient ;
- featured snippet (position zéro) ;
- résultats locaux, etc.

L’interface de SearchGPT se veut beaucoup plus simple en proposant une seule réponse générée à partir d’informations textuelles diversifiées (une sorte de « base de données ») provenant d’une collaboration avec des éditeurs de contenus. La réponse cite les sources utilisées et fournit des liens directs vers les sites web.

Des partenariats avec les créateurs
OpenAI collabore avec des médias de renom pour garantir une utilisation équitable des contenus et une attribution claire des sources, afin de créer un écosystème durable où les éditeurs sont reconnus. La société à l’origine de ChatGPT tente ainsi de réparer les pots qu’il a cassés avec l’utilisation de contenus sans l’accord des droits d’auteurs dans le passé pour le deep learning (entraînement profond) de son modèle d’intelligence artificielle (IA).
« La recherche par IA va devenir l’un des moyens clés pour les gens de naviguer sur Internet, et il est crucial, en ces premiers jours, que la technologie soit développée de manière à valoriser, respecter et protéger le journalisme et les éditeurs. Nous sommes impatients de collaborer avec OpenAI dans ce processus et de créer une nouvelle manière pour les lecteurs de découvrir The Atlantic. »
Approche éthique et absence de publicités
Pour le moment, SearchGPT ne prévoit pas d’intégrer de la publicité pour privilégier la convivialité de l’interface et la mise en avant des sites internet pertinents. De même, via ses partenariats, OpenAI s’engage à respecter les droits d’auteur. Ce fonctionnement est totalement différent de celui de Google qui a :
- déjà été critiqué pour avoir utilisé des contenus sans autorisation ni attribution dans certains cas ;
- recours aux annonces payantes pour générer du chiffre d’affaires au détriment de la qualité des résultats de recherche dans certains cas.
Impact sur le Web
SearchGPT se positionne donc comme une alternative ambitieuse à Google en misant sur une expérience de recherche plus intuitive, personnalisée et éthique, grâce à l’intégration poussée de l’IA. Cependant, il reste à savoir si SearchGPT parviendra à surmonter les défis liés à l’adoption massive, à la concurrence de Google et aux préoccupations relatives à l’écosystème du Web.
En effet, l’arrivée d’un tel concurrent si différent de ce que l’on connaît jusqu’à présent risque d’avoir un impact considérable sur les stratégies de référencement organique (SEO). Les entreprises investissent en masse pour essayer de paraître dans les premiers résultats de recherche de Google sur les mots clés stratégiques. Beaucoup investissent également dans le référencement payant (SEA) pour se positionner en tête de page. Les enchères ne cessent de grimper depuis l’apparition de Google Ads. Alors, Google tentera évidemment de défendre sa poule aux œufs d’or.
Que pensez-vous de l’arrivée d’un tel concurrent ? Personnellement, je me dis que ça peut vraiment faire du bien de titiller le mastodonte Google.