Recall et Microsoft ont fait parlé d’eux en 2024 et cela est prêt à continuer en 2025. Sortie en mai 2024, Recall AI a connu une très forte controverse poussant Microsoft à retirer sa nouvelle fonctionnalité novatrice de Windows 11. Depuis le 22 novembre 2024, les membres du programme Windows Insider ont la possibilité d’activer cette fonctionnalité sur leur PC Copilot+. Et aux dires des utilisateurs de cette fonctionnalité, Recall fait peur, mais promet une amélioration inédite de la productivité bureautique et informatique.
Maintenant que j’ai pris un peu de recul sur ce sujet, je vais partager avec vous les points essentiels à retenir sur Windows Recall AI pour déterminer si cette fonctionnalité est réellement prometteuse ou dangereuse. Ou les deux ?
Rappels importants concernant Recall AI
La controverse
La période printemps-été 2024 a été marquée par une vive controverse autour de Recall, la nouvelle fonctionnalité IA de Windows 11 pour les PC Copilot+. Annoncée comme une révolution pour la productivité, Recall a rapidement suscité des inquiétudes quant à la confidentialité des données. La capacité de l’outil à réaliser des captures d’écran pour mémoriser toute l’activité de l’utilisateur a soulevé des craintes concernant l’intrusion et les potentielles fuites de données sensibles.
Face à la pression et aux critiques, Microsoft avait été contraint de retirer Recall et de promettre une refonte pour renforcer la sécurité et la confidentialité. Puis en novembre 2024, Recall a été déployé pour les membres du programme Windows Insider. Cette version est mieux sécurisée (bien que très perfectible) et doit être activée délibérément par l’utilisateur alors que la première version était automatiquement activée et difficile à désactiver.
Le fonctionnement
Basée sur Windows Copilot Runtime, Recall AI est une fonctionnalité de Windows 11 disponible uniquement pour les PC équipés d’un processeur capable d’effectuer les calculs nécessaires grâce à son unité de traitement neuronal (NPU). Le processeur Snapdragon X Elite a été le premier compatible, mais AMD et Intel ont commencé à proposer leurs CPU pour IA.
Le principe de fonctionnement de Recall est assez simple :
- Il capture des instantanés de votre écran à intervalles réguliers pour créer une mémoire visuelle de votre activité.
- Ce journal est stocké sur le disque et crypté par BitLocker, puis analysé localement par le processeur.
- Vous utilisez l’application Recall et faites la recherche en langage naturel (comme sur ChatGPT) ou via la frise chronologique pour retrouver des informations spécifiques.

La configuration minimale
Tout d’abord, il vous faut un PC Copilot+ répondant aux normes de sécurité et doté d’un NPU de 40 TOPs. Ensuite :
- 16 Go de RAM
- 8 processeurs logiques
- 256 Go de stockage minimum, dont 50 Go d’espace libre (en sachant que l’enregistrement des instantanés cesse s’il ne reste que 25 Go d’espace libre).
- Chiffrement du disque (via BitLocker ou autre).
- Utilisation de Windows Hello.
Atouts et avantages de Recall
Recall se présente comme un outil potentiellement révolutionnaire pour la productivité sur Windows 11. Sa capacité à mémoriser visuellement l’activité de l’utilisateur offre des avantages notables :
- Gain de temps considérable. Recall a pour vocation de retrouver instantanément n’importe quelle information consultée sur l’ordinateur, sans avoir à fouiller dans l’historique du navigateur internet, dans l’Explorateur de fichiers ou dans les e-mails. Imaginez, vous pouvez retrouver en quelques secondes ce lien vers une offre promotionnelle aperçue il y a une semaine ou ce document important dont vous avez oublié le nom !
- Sauvegarde automatique. En capturant chaque écran, Recall agit comme un filet de sécurité contre la perte de données. Plus besoin de craindre d’avoir supprimé accidentellement un paragraphe important dans un document ou d’avoir perdu la trace d’une page web consultée.
- Recherche intuitive. Recall ne se limite pas à la recherche textuelle. La recherche peut être textuelle (basée sur l’OCR) ou visuelle (basée sur la reconnaissance d’images). La recherche visuelle a encore de nombreuses lacunes, mais elle permet de retrouver des informations à partir d’une simple description de l’image recherchée ou depuis la frise chronologique.
- Contrôle accru. L’utilisateur garde le contrôle sur les données enregistrées. Des filtres permettent d’exclure des applications ou sites web spécifiques de la capture, limitant ainsi l’impact sur la vie privée.
Limites et points faibles de Recall
Malgré ses promesses, Recall souffre encore de plusieurs limitations qui freinent son adoption et soulèvent des questions sur sa fiabilité.
- Fiabilité des captures. L’outil ne capture pas tous les écrans consultés, laissant des trous dans l’historique. Les utilisateurs se plaignent des délais importants avant l’apparition des captures, voire une absence totale de sauvegarde. Et le système OCR employé semble dépassé.
- Recherche perfectible. Si la recherche textuelle fonctionne relativement bien, la recherche visuelle reste imprécise et génère souvent des résultats non pertinents. De plus, l’exploration de l’historique peut s’avérer fastidieuse, la taille réduite des miniatures rendant difficile l’identification de la capture recherchée.
- Failles de sécurité persistantes. Bien que Microsoft ait renforcé la sécurité de Recall, notamment grâce à Windows Hello et BitLocker, Avram Piltch de Tom’s Hardware a démontré qu’il est encore possible d’accéder aux données capturées via un accès distant, notamment avec un outil comme TeamViewer. L’autre point montré du doigt est le code PIN de Windows Hello trop simple, puisqu’il est possible d’en créer un avec 4 chiffres. Facile à mémoriser, mais facile à copier aussi… De plus, le filtre de données sensibles, censé protéger les informations confidentielles, s’avère inefficace dans certains contextes, capturant des numéros de cartes bancaires, des mots de passe ou des identifiants personnels.
- Limitations techniques. Essentiellement par souci de sécurité, la synchronisation des captures entre appareils n’est pas à l’ordre du jour. Alors qu’aujourd’hui on se réjouit des capacités du cloud computing pour synchroniser les données, cette faiblesse peut être très importante aux yeux des utilisateurs. Aussi, l’outil nécessite un espace de stockage important pour conserver les captures d’écran, ce qui peut poser problème si le disque du PC est chargé.


Une fonctionnalité prometteuse ou dangereuse ?
La prometteuse Recall
Si l’on met de côté la mise en danger de la confidentialité des données sensibles telles que le numéro de la carte bancaire (mais bien d’autres encore), Recall semble être une application vraiment prometteuse. Même dans sa version preview (bêta) avec ses gros défauts, Recall permet déjà à ses utilisateurs de gagner en productivité. De ce point de vue, Recall aura un impact significatif sur l’utilisation de Windows et même des PC en général, cela ne fait aucun doute. Un exemple d’efficacité utile :
Vous avez créé un moodboard il y 3 semaines pour un client, mais vous ne savez plus où il est. Pas moyen de vous souvenir du nom du fichier ni de l’emplacement d’enregistrement, et l’historique d’utilisation a été écrasé par d’autres tâches effectuées entre temps. Sans Recall, vous mettrez plusieurs dizaines de minutes pour le retrouver après de gros efforts, ou vous ne le trouverez plus jamais. Avec Recall, vous expliquez ce que vous cherchez et l’application retrouve le fichier en quelques secondes.
Et des exemples comme celui-ci, on pourrait en dénombrer à l’infini. Shubham Agarwal de Laptopmag.com a retrouvé en quelques secondes un lien vers une méga promo pendant le Black Friday qu’il avait entraperçu rapidement. Avec une méthode conventionnelle, cela lui aurait pris peut-être des heures à retrouver cette promo.
La dangereuse Recall
Mais, comme le souligne très bien Mark Hachman de PCWorld, cette fonctionnalité peut faire très peur. Les PC et l’Internet sont tellement intégrés dans notre vie de tous les jours, notamment lorsqu’on travaille avec, qu’une bonne partie de notre vie est numérisée. Sur son ordinateur, on :
- consulte son compte bancaire, ses factures d’électricité, son compte d’assurance maladie, etc. ;
- suit des formations en ligne (MOOC, formation à distance, etc.) ;
- gère les appareils domestiques (thermostats, caméras de surveillance, éclairage intelligent, etc.) ;
- réalise ses correspondances et ses conversations vidéos, etc.
Sans oublier les informations confidentielles que l’on peut traiter dans son métier…
Tout ceci est déjà un danger en soi. Surtout quand on sait que chaque année, le nombre de cyberattaques augmente terriblement. Mais avec un outil comme Recall, le danger est concentré sur un seul point au lieu de plusieurs. Cela fait tellement peur que de nombreuses personnes ne feront probablement jamais confiance en Recall ou à ses potentielles futures cousines.
En définitive, je pense que Recall est une application réellement prometteuse, mais il y a encore du chemin à faire avant de pouvoir rassurer la majorité. Et vous, qu’en pensez-vous ? L’avez-vous testé ?